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[Tribune] L’anglais, levier méconnu de la compétitivité française ?
Tribune publiée dans les Echos, le 10 mars 2025
Le chiffre laisse rêveur : si la France augmentait de 1% le nombre de locuteurs en anglais, nos exportations augmenteraient de 4,5 milliards d’euros…
Cette conclusion, nous la devons au cabinet Asterès, mandaté par la Fédération des Acteurs de la Compétences, après un important travail de modélisation économique et de revue de littérature.
En effet, si les bénéfices individuels du bilinguisme en général et de l’apprentissage de l’anglais en particulier sont bien connus, les bénéfices à l’échelle d’une nation, eux, le sont moins.
Maîtriser l’anglais : un levier de croissance pour l’employabilité
La maîtrise de l’anglais au travail est un atout démontré : meilleures opportunités de poste et d’avancement, salaires supérieurs de 10 à 30 %, meilleur accès aux ressources techniques, à la formation, etc.
C’est aussi un atout indéniable en ces temps où le télétravail ouvre des opportunités à des collaborateurs venant du monde entier et pour lesquelles l’anglais est souvent la langue de communication privilégiée.
Plus généralement, le bilinguisme facilite largement l’adaptation dans des environnements professionnels de plus en plus mouvants, incertains et mondialisés. Les neurosciences attribuent ainsi aux personnes bilingues de meilleures facultés de créativité, de concentration et d’adaptabilité. Autant de gains neurologiques qui se traduisent par des gains économiques et une meilleure productivité des entreprises qui les emploient.
C’est pourquoi les entreprises dont 10% des salariés attendrait le niveau B2 en anglais, augmenteraient en moyenne leur CA annuel de 1,5 % grâce au seul gain de productivité….
Il serait intéressant de mobiliser l’ensemble des acteurs de la formation et des pouvoir publics pour fixer un cap ambitieux de progression du niveau d’anglais en France.
L’anglais, moteur de croissance pour l’export
Le travail de modélisation d’Asterès a permis d’estimer l’impact commercial de la France si l’on disposait de 1%, 5% et 10% de locuteurs en anglais en plus.
Le constat est sans appel : si l’on augmente de 1% le nombre de locuteurs en anglais en France, soit 220 000 personnes sur une année, on arrive à une augmentation de nos exportations de 4,5 milliards d’euros.
Tous les secteurs ne sont pas impactés de la même façon. Certains, comme le tourisme, l’hôtellerie-restauration, sont plus perméables en raison des échanges interpersonnels qu’ils impliquent.
D’autres ne sont nullement affectés dans leurs échanges, quel que soit le niveau de langue des acteurs. C’est le cas pour l’énergie, l’armement, ou le matériel de transport dont le niveau d’échanges dépendra majoritairement de la capacité de production du pays, avant toute considération.
Pour un « plan anglais » ambitieux
Le niveau d’anglais en France reste significativement en retard, depuis de nombreuses années, comme le démontrent de nombreuses études comparatives, tant dans les domaines scolaires que professionnel.
A la lumière de ces chiffres, il serait intéressant de mobiliser l’ensemble des acteurs de la formation et des pouvoir publics pour fixer un cap ambitieux de progression du niveau d’anglais en France en s’appuyant, entre autres, sur tous les modes de financements possibles et sur tous les publics (salariés, mais aussi dirigeant de petites structures par exemple).
Alors, lets’ go ?
Jérémie Rossignol, Directeur Général EMEA, ETS (Educational Testing Services)
Retrouvez la tribune dans Les Echos
Source : « L’apprentissage des langues étrangères : un atout pour l’individu, l’entreprise et l’économie » (Cabinet Asterès, mandaté par la Fédération de la formation professionnelle, 2021)